Christian Vanhenten
27 juillet 2011

La communication et le couple

Communiquons, communiquons ! C’est certainement l’invitation la plus entendue à notre époque. Et curieusement l’intérêt croissant pour la communication s’accompagne d’un nombre croissant de couples qui divorcent ou se séparent.

Y a-t-il un lien ou est-ce le pur fruit du hasard? Sans doute peut-on lier la notion de communication à celle du sens, de la signification et c’est bien sur à la signification de ce qu’est être en couple que je fais allusion. La meilleure communication du monde ne peut aider à résoudre les problèmes de couple si ceux-ci ne reposent pas sur un socle commun, un socle de sens partagé, une vision, un projet. Auparavant le couple était le ciment social, la structure économique, familiale fondamentale. Il n’était pas nécessaire de bien communiquer, le ménage tenait à coup de “il faut”, de “je dois” et d’une solide dose d’abnégation. Les couples actuels ont grandi avec le paradigme du développement personnel, de la liberté individuelle, du bonheur voire du plaisir immédiat.

Dur dur de concilier individualisme et contraintes de la vie en couple. Se marier, c’est partager à deux les problèmes que l’on n’aurait pas eu tout seul nous dit cette maxime dont j’aimerais me rappeler l’auteur. Le couple ne tient alors qu’à un fil.

Le partenaire qui n’apporte plus le lot de plaisir, de bien-être est jeté pour un autre qui aura sans doute un avenir équivalent. Manque bien sur à ce schéma réducteur le lien, le vrai, celui dans lequel j’engage mon être vrai, dans lequel je reconnais l’autre et je suis reconnu.

Mais une fois de plus, cela risque d’être insuffisant.

Je et je ne sont pas suffisants pour former un couple.

Cela engendre ces relations asymétriques: tu m’aimes, je t’aime moins ou pas du tout, ou inversement. Quand j’en ai assez de mon reflet dans tes yeux, je pars pour d’autres yeux.

Dans l’approche AïkiCom on parle du centrage. Si les anciennes générations se caractérisaient par une perte de centre, une disparition de tout ce qui forme l’individualité de la personne face au rouleau compresseur des normes sociales et des contraintes économiques, la génération suivante a repris contact avec son centre, sa verticalité mais n’a pas encore créé et nourri la connexion à l’autre.

La meilleure communication du monde n’y changera rien si elle se limite à un verbiage aussi élaboré et respectueux soit-il.

Ce qui manque c’est le lien corporel, celui qui nous connecte d’être à être et qui permet l’ouverture des frontières jalousement gardées par notre ego.

Ce n’est qu’alors que la communication sera juste, en mots, attitudes et en gestes.