Christian Vanhenten
18 mars 2000

Réussir son Etre en Affaires

Magazine Propos du Réseau des Femmes d’Affaires du Québec
(Vol. 9, no. 2, Hiver 2000) 

Réussir en affaires est-il seulement la panacée des abuseurs, des profiteurs, des menteurs et des sans scrupule ?  Comment résoudre l’impasse du milieu traditionnel des affaires ?  Comment faire des affaires sans se faire avoir ou sans être un requin vorace attaquant sa proie ?  Nos modèles traditionnels de PDG de compagnie ressemblent plus souvent à ceux d’un tyran et tortionnaire, plutôt qu’à ceux d’un être épanoui et généreux.  Comment peut-on espérer créer des gens d’affaires sains et heureux, si ce que nous montrent les marchés internationaux et la mondialisation, est que la réussite financière passe par la trahison et l’envie ?

Qui parmi nous désire réellement être reconnu, comme étant une personne inhumaine et sans respect aucun pour ses employés, collègues et compétiteurs ?  Très peu d’entre nous en fait et très peu se sentent à l’aise dans ce monde financier.  Alors certains décident d’être hors norme et de faire des affaires différemment.  D’autres, à cause du conflit que cela crée avec eux-mêmes, n’arrivent pas à atteindre la réussite qu’ils savent qu’ils méritent.  Certains dissocient la vie professionnelle et leur vie personnelle, créant ainsi des expressions du genre: “Je suis dur en affaires c’est vrai, mais c’est nécessaire, sinon je ne survivrais pas.  Ma nature cependant, est d’être doux comme un agneau”.  On devient différent, à la limite une autre personne, selon le contexte.  Et même si très peu souhaitent réussir en affaires et échouer leur vie personnelle, malheureusement cela est souvent le cas.
Le titre de patron, de directeur, de cadre ou de gérant est parfait pour se faire détester au travail et pour créer des embrouilles avec les amis et la famille.  Et que dire si on réussit !  On est alors jugé par plusieurs autour de nous et on perd alors des liens affectifs importants.  Ce qui est très douloureux et difficile à vivre.  Si on ne réussit pas en affaires, alors la frustration, la culpabilité ou la colère s’installe au travail et fait place à un manque de motivation chronique.

D’une façon comme d’une autre, réussite financière ou non, il est rare qu’une personne en affaires est heureuse de l’être, si cela met en péril l’atteinte de ses objectifs de vie.  Comment se fait-il qu’on en arrive là ?  Est-il obligatoire de réussir seulement un aspect de notre vie et de compromettre tous les autres ?  Bien sûr que non.  Alors que se passe-t-il ?  Nous oublions l’essentiel, qui est l’atteinte de notre mission de vie et le respect du chemin qui est le nôtre.

Soyons en affaires avec notre coeur et notre âme et permettons-nous de réussir financièrement, malgré le fait d’être une bonne personne !  Il est crucial, pour réussir son être en affaires, d’appliquer nos réponses aux questions fondamentales suivantes:

Qu’est-ce qui est important pour moi dans ma vie ?  Ce que je vis présentement est-il en lien avec ma légende personnelle ?  Que dois-je faire pour atteindre mon but de vie ?  Ces réflexions permettent d’harmoniser notre vie professionnelle et font ainsi mentir les schémas traditionnels de gens d’affaires dénués d’humanité.  Nous devenons alors une meilleure personne d’affaires, ce qui demande de devenir un meilleur être humain.  Si l’on souhaite réussir dans tous les aspects de notre vie, nous devons définir clairement nos rêves, espoirs, valeurs et croyances.  Ceci, dans le but de se réaliser et de réaliser le but ultime de notre vie.  Comme Montaigne l’a si bien dit: “Le chef-d’oeuvre glorieux de l’homme est de vivre selon sa raison d’être”.  Encore faut-il la découvrir, ce qui est fondamentalement important pour nous.  Quel est le sens que nous donnons à notre vie ?  Pourquoi choisissons-nous d’être en affaires ?  Quelle est notre définition de la réussite ?

Lors de conférences et ateliers que j’anime pour les gens d’affaires, je leur pose souvent la question: “Qu’est-ce qui est important pour vous, dans le fait d’être en affaires ?” et j’ai régulièrement entendu des: “Je le fais pour me faire plaisir”, “J’aime relever des défis”, “Je chéris mon autonomie”, “Je m’affirme”, “Ca me valorise”.  Notre motivation, qui est ce qu’il y a de plus fondamental en nous, provient rarement de l’argent seul.  “Faire des sous” est très peu cité comme élément de motivation et lorsqu’il l’est, il ne vient que loin après d’autres valeurs et ce, même pour les gens d’affaires très fortunés.  Mais vous, qu’est-ce qui vous pousse de l’avant ?  Définissez et découvrez les émotions qui donnent un sens à votre vie en répondant aux questions suivantes:

A) J’aimerais vivre dans un monde …  Ma vision de vie est de créer un monde …
B) Ce que j’aimerais faire (ou ce que je fais), afin d’offrir ma contribution aux autres est …  Je vais le créer en faisant …
C) Les qualités qui me décrivent le mieux sont …  Je vais manifester …  tout en vivant ma mission.

Reprenez les énoncés des points A, B et C et composez une phrase qui reflète votre mission de vie.  Maintenant, il ne reste qu’à l’appliquer aux domaines des affaires, afin de réussir votre être dans ce secteur de votre vie.  Vous serez le preuve vivante, comme quoi on peut faire des affaires et en même temps être en affaires avec soi.

Isabelle David
Maître Enseignant Certifié en PNL